Le business plan est quelque chose de bien concret, souligne le Dr Alexandre Bria, interniste installé à Nyon. A savoir, un document qui détaille, «lors d’une installation à son compte, les chiffres qui touchent aux investissements nécessaires et à l’exploitation future du cabinet.» Un document, surtout, dont on discute avec un interlocuteur bancaire pour obtenir un financement.

«Face à un médecin – comme face à toute entreprise d’ailleurs –, la banque utilise le business plan pour déterminer la viabilité d’un projet», détaille Pedro Palomo, membre de la direction de la Banque Cantonale Neuchâteloise (BCN). Le business plan est donc une projection commerciale et financière de l’installation prévue. «Mais il faut présenter quelque chose de tangible, insiste le Dr Bria. Par exemple, dans le cadre d’une reprise, expliquer que l’on a repéré un cabinet rentable, doté d’un bon personnel et situé dans une zone passante d’une agglomération en croissance, dont les locaux nécessitent un léger rafraîchissement et le standard téléphonique une mise à jour.»

Chiffrer ses besoins

Les investissements varient énormément selon qu’on s’installe dans un cabinet de groupe ou une policlinique, qu’on reprenne un cabinet ou que l’on en fonde un, observe le Dr Bria. Dans le premier cas, il faudra peut-être amener un peu de matériel mais les sommes à investir sont réduites.

Une reprise, elle, nécessitera probablement des travaux et des mises à jour des systèmes informatiques et de communication. De plus, un goodwill pour la reprise de la patientèle est parfois discuté mais il faut négocier son montant ou l’assortir d’une contrepartie (des travaux ou une mise à jour effectués à la charge de celui qui remet, par exemple). Ces informations doivent être communiquées à son banquier. Et il ne faut pas oublier qu’«actuellement, le repreneur est en position de force dans la négociation », insiste le Dr Bria.

Enfin, pour une installation à partir de zéro, un peu d’aide est nécessaire afin de chiffrer les dépenses d’infrastructure, explique l’interniste. Des devis doivent être réalisés et annexés au business plan. Pour ceux-ci, il ne faut pas seulement s’adresser à des architectes d’intérieur spécialisés dans l’aménagement de cabinets mais aussi contacter directement les corps de métier.

Crédit d’investissement, crédit d’exploitation

Quel que soit le type d’installation, le business plan permet de solliciter deux types de financement bancaire. En premier lieu, le crédit d’investissement, destiné à «couvrir les coûts d’agencement du cabinet, ainsi que le matériel et les équipements, détaille Pedro Palomo. Le remboursement d’un tel prêt intervient sur une durée de huit ans au maximum.»

Le crédit d’exploitation, lui, «est une somme raisonnable, par exemple 100 000 francs, qui doit vous permettre de lancer le cabinet et de tourner les quatre à huit premiers mois» avant que ne rentrent les premières facturations, explique le Dr Bria. Mis à disposition sur le compte courant, ce crédit permet d’assurer les charges courantes du cabinet en cas de liquidités momentanément insuffisantes, précise le banquier.

Des médecins prudents

Lorsqu’on les rencontre avec un projet d’installation, les banquiers ont «l’oeil sur les montants du business plan», relate le Dr Bria qui ajoute que des devis doivent être fournis pour des sommes importantes. Pedro Palomo, pour sa part, relève l’habituelle bonne préparation des business plan de la part des médecins. «Les chiffres d’affaires projetés sont réalistes et les charges bien budgétées. Dans ce secteur, l’approche est réalisée de manière prudente.»

Cette clientèle est d’ailleurs courtisée par les établissements bancaires qui appliquent pour la plupart des rabais d’intérêts à cette corporation. «La BCN n’y fait pas exception et dispose d’ailleurs de prestations spécifiques pour les professions médicales, relève le banquier. Une fois en possession de tous les éléments financiers et formels, notre banque établit une proposition de financement en moins d’une semaine.»

Pour sa part, le Dr Bria incite à comparer les offres de différents établissements. Et surtout, à s’informer de manière concrète si l’on envisage une installation, en participant à des séminaires dédiés et en rencontrant des collègues, pour ne pas se contenter de ouï-dire et de bouche à oreille.

Quelles informations dans un business plan ?

  • Un résumé en une page du projet.
  • Un portrait de l’entreprise.
  • Une description de ce qu’elle propose à ses clients, du marché dans lequel elle évolue et de sa concurrence.
  • Le détail de ses infrastructures.
  • Les stratégies de marketing et de gestion que l’entreprise mettra en place.
  • Les risques qu’elle connaît.
  • Les besoins financiers pour son développement.

Des modèles et des exemples existent pour vous aider à constituer un business plan. La Confédération en propose par exemple sur son site (www.kmu.admin.ch).