La prévoyance des médecins salariés ne diffère que peu de celle de tout employé classique. Les contraintes sont les mêmes, à commencer par une affiliation obligatoire au 2e pilier (dès 21’150 francs de revenu annuel), à l’assurance accidents (LAA) (dès 8 heures de travail par mois), ainsi qu’au 1er pilier – AVS et AI – qui est de toute façon obligatoire pour toute personne qui travaille en Suisse ou qui y réside.

Grandes catégories de risque

Ces assurances obligatoires vont couvrir les grandes catégories de risque que sont l’accident, la maladie, l’invalidité, le décès et la longévité. Ce qui rend parfois la lecture de ces assurances un peu difficile, c’est qu’elles remplissent souvent plusieurs fonctions. Par exemple, l’AVS, c’est-à-dire l’Assurance-vieillesse et survivants, sert, d’une part, aux rentes pour veufs, veuves, partenaires enregistrés et orphelins, et d’autre part, aux rentes de vieillesse. De même, l’assurance accidents prend en charge les frais de traitement tout en couvrant notamment la perte de gain, à court et à long terme, par des indemnités journalières, puis, si l’invalidité est reconnue par l’AI, par des rentes d’invalidité.

Par ailleurs, ces différentes prestations couvrent fréquemment les mêmes risques, qui vont ainsi s’additionner. Par exemple, les survivants d’une personne décédée par accident vont bénéficier de rentes provenant de l’AI et de l’assurance accidents. Et si la somme de ces deux rentes s’avère inférieure à 90 % du revenu remplacé, la caisse de pension verse également une rente.

Lacunes dans le filet de la prévoyance

Ce qui va compliquer plus encore l’évaluation de la couverture des risques sont certaines lacunes dans le filet de la prévoyance. En effet, des assurances comme la perte de gain en cas de maladie ne sont pas obligatoires, contrairement à l’assurance accidents. Il est donc possible qu’un salarié qui tombe malade pendant plusieurs mois ne touche finalement plus aucun revenu jusqu’à ce que, le cas échéant, il soit déclaré invalide par l’AI au bout d’un an. Il recevrait alors une rente AI et une rente de sa caisse de pension, pour un total souvent inférieur aux 90 % versés en cas d’accident. En principe, celui ou celle qui ne bénéficierait pas d’une assurance perte de gain en cas de maladie est soumis à l’échelle dite bernoise (en Suisse romande). Cette dernière n’est guère généreuse puisque le salaire n’est versé que pendant 4 mois après 10 ans de service et n’atteint que 6 mois pour 20 ans de service.
 

Points à vérifier

Heureusement pour les médecins, de nombreux établissements couvrent convenablement le risque de perte de gain en cas de maladie, en particulier les grandes institutions comme les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) ou le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). En revanche, le diable se cachant dans les détails, il faut soigneusement examiner la couverture accordée. Comme l’explique Antoine Faure, responsable de la société de conseils financiers Univie : « Parmi les points à vérifier, la durée des indemnités journalières en cas de maladie est importante, car elle est parfois limitée à un an. Il faut également veiller au plafonnement de la rente d’invalidité de l’assurance accidents, qui est calculée sur un revenu maximum de 148’200 francs par année, à hauteur de 80 %. Si le salaire du médecin s’avère nettement supérieur, la couverture de l’assurance sera peut-être insuffisante. »

Médecin avec charge de famille

Autre problème : même si l’employeur a bien assuré son personnel, un jeune médecin assistant ayant déjà fondé une famille doit bien considérer les couvertures de sa caisse de pension. « Les rentes de décès et d’invalidité peuvent être calculées sur l’avoir de vieillesse projeté à la retraite, sans tenir compte de l’accumulation des intérêts. Or, en début de carrière, le salaire n’est pas très élevé et implique souvent des rentes modestes en cas de malheur. Dans ce cas, il serait judicieux, de compléter sa couverture par des assurances vie, dans le cadre du 3e pilier lié ou libre. »

En revanche, si tous les risques sont correctement couverts, il est tout de même recommandé de souscrire des produits de 3e pilier, mais d’épargne, pour profiter de la déduction fiscale allant jusqu’à 6’768 francs par an pour un salarié.

Médecins au statut salarié-indépendant

Enfin, il faut prendre en compte ceux qui ont également des patients privés à qui ils facturent des honoraires, partagés avec l’hôpital. La grande question est de savoir comment ces praticiens sont couverts pour leur prévoyance. Roland Bron, responsable de VZ Vermögenszentrum, explique : « Pour leur activité salariée, ils sont obligatoirement assurés par leur employeur, notamment au niveau de la caisse de pension. Cette dernière propose parfois d’assurer également les revenus générés de manière indépendante, comme aux HUG par exemple, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans cette situation, le médecin peut s’affilier, s’il le désire, à une caisse de pension de sa profession ou à une institution de prévoyance qui assure les indépendants. »