Dès l’ouverture d’un cabinet, il est crucial d'entrer en contact avec sa fiduciaire. Cela permet d'effectuer de la planification financière et donc d’aplanir, voire d’éviter bien des obstacles. Les explications de Vincent Hegetschweiler, expert-comptable et fiscal diplômé, associé à la société fiduciaire Vigilis à La Chaux-de- Fonds

Est-on obligé de recourir à une fiduciaire?

Vincent Hegetschweiler: Non. Les cabinets médicaux ne sont, en principe, pas soumis à la révision des comptes. Et ce même s’ils sont organisés en SA ou en SARL. En effet, celles-ci ne sont obligées de présenter des comptes révisés que si elles emploient plus de dix collaborateurs à plein-temps.

Toutefois, pour un médecin à son compte, le recours à une fiduciaire n’en est pas moins fortement recommandé, pour le bouclement annuel et la déclaration d’impôts, et parfois aussi pour la comptabilité.

En son sein ou dans son réseau, la fiduciaire doit, quant à elle, compter sur une équipe de spécialistes capables de mettre à disposition le collaborateur le plus adapté en termes de compétences et de coût et faire face à la densification des réglementations.

Quand s’adresser à une fiduciaire?

VH: Le faire dès l’installation en cabinet permet d’éviter des écueils. Quand nous n’intervenons pas dès les débuts, il arrive souvent que le médecin ait payé trop d’impôts ou, à l’inverse, sousestimé ce qu’il doit à l’AVS. Cela peut induire de gros rattrapages que notre conseil permet de prévenir.

La collaboration avec une fiduciaire est une relation à long terme. A chaque bouclement et pour chaque déclaration, nous discutons des éléments principaux avec le médecin et nous le rendons attentif à l’évolution des chiffres-clé, comme le chiffre d’affaires, les charges de personnel ou la prévoyance.

L’exercice indispensable de budgétisation des exercices suivants doit permettre d’ajuster les acomptes d’impôts et d’AVS pour éviter des décomptes finaux rétroactifs douloureux. Ce d’autant plus que le système suisse de prévoyance actuellement en vigueur permet de défiscaliser une grande partie voire la totalité des revenus non nécessaires au train de vie !

Comment la choisir?

VH: Contrairement aux cabinets médicaux, l’ouverture d’une fiduciaire qui ne propose pas de service de révision n’est pas réglementée en Suisse. De même, les titres d’expert-comptable et d’expert fiscal ne sont pas protégés, contrairement à ceux d’expert-comptable diplômé et d’expert fiscal diplômé. Le médecin se doit de trouver un mandataire qualifié. Il peut se baser sur l’appartenance de la fiduciaire aux associations professionnelles, Fiduciaire Suisse et la Chambre fiduciaire. C’est un gage de qualité, notamment en matière d’obligation de formation continue.

Combien ça coûte?

VH: Les tarifs dépendent du temps que demande le mandat, de sa complexité, des qualifications des collaborateurs impliqués dans le traitement du dossier et des tarifs de la région. Pour des travaux comptables et hors bouclement, il faut compter entre 100 et 150 francs hors taxe par heure.

La durée de réalisation d’une déclaration ou d’un bouclement dépend principalement de l’organisation des pièces que fournit le client. Selon que les informations sont correctement présentées ou non, la comptabilisation de l’activité d’un médecin indépendant peut prendre un ou trois jours.

Peut-on faire une partie de ce travail soi-même?

VH: Il y a des médecins qui établissent leur propre comptabilité. Ce n’est, à strictement parler, pas difficile et cela facilite beaucoup la planification de la future taxation. Mais cela nécessite une implication de l’intéressé. S’il le fait seulement pour réduire ses coûts, il prend le risque que, au bout du compte, sa déclaration demande plus de travail que si une fiduciaire l’avait réalisée de A à Z.

Aux clients qui le désirent, nous proposons également de former le médecin, son conjoint ou un proche collaborateur à la comptabilité. C’est un investissement au départ mais assurément une plus-value par la suite.